Le pessaire, du grec pessos signifiant « pièce de jeu », est un dispositif intra-vaginal utilisé pour maintenir un prolapsus génital en prenant appui sur les muscles releveurs. Il peut également être employé dans les cas d’incontinence urinaire d’effort (IUE), de béance cervicale, de sténose, et de cicatrices vaginales.

L’Histoire des Pessaires

L’utilisation des pessaires dans le traitement des prolapsus remonte à l’Antiquité. Dès le VIIe siècle avant J.-C., les Égyptiens utilisaient des rouleaux de papyrus, tandis qu’Hippocrate privilégiait la laine ou des fruits à la grenade. Des instruments en bronze ainsi que des étoffes imprégnées de produits variés faisaient également partie des options thérapeutiques de l’époque.

Au Moyen-Âge, des pessaires en liège, en or, en argent ou en cuir ont fait leur apparition. Le XVIIIe siècle a vu l’introduction du caoutchouc grâce à la découverte de la vulcanisation par Goodyear. Dans les années 1950, les pessaires en caoutchouc ont été remplacés par des matériaux plus modernes comme le plastique, le latex, et plus récemment, le silicone médical.

Les Pessaires : Une Évolution en Gynécologie

Le recours aux pessaires pour traiter les prolapsus a été délaissé au début du XXe siècle au profit de l’uro-gynécologie opératoire. À cette époque, ils étaient mal perçus, réputés pour entraîner des infections, des hémorragies, et parfois même des cancers. Ils étaient alors souvent réservés aux femmes âgées ou inopérables.

Cependant, ces dernières années, les pessaires ont fait un retour en force dans le domaine thérapeutique gynécologique grâce à plusieurs facteurs :

  1. Amélioration des modèles : les nouveaux modèles sont plus faciles à entretenir et à utiliser.
  2. Élargissement des indications : les pessaires sont désormais utilisés dans des contextes thérapeutiques plus variés.
  3. Autonomisation des patientes : de nombreuses patientes peuvent désormais mettre et retirer elles-mêmes leur pessaire.

De plus, la loi Kouchner impose aux médecins d’informer leurs patientes de toutes les alternatives thérapeutiques disponibles, y compris les pessaires (article 6).

Fonctionnement du Pessaire Cubique

Le pessaire cubique, l’un des modèles les plus courants aujourd’hui, fonctionne par un système d’effet « ventouse » créé par ses faces concaves perforées. Ce dispositif permet de stabiliser les viscères comme l’utérus, la vessie et le rectum. Contrairement aux autres types de pessaires, le cubique ne dilate pas le fond du vagin, mais provoque un rétrécissement latéral et un soutien du périnée profond. Ce dernier est ainsi stimulé, ce qui permet de limiter les effets de la pesanteur et des pressions excessives.

Indications du Pessaire

Les pessaires sont particulièrement utiles dans les cas suivants :

  • Femmes jeunes : Les jeunes femmes, notamment celles ayant des stations debout prolongées ou des sportives, peuvent retirer leur pessaire lors des règles, des rapports sexuels, ou lorsqu’elles se sentent bien.
  • Post-partum : Les femmes en période post-partum risquant un prolapsus ou une aggravation sous l’influence hormonale de la prolactine, avec ou sans incontinence urinaire.
  • Toux chronique : Les patientes présentant une toux chronique ou occasionnelle peuvent bénéficier du pessaire pour limiter les effets des hyperpressions.
  • Femmes âgées : Celles qui ne souhaitent pas ou ne peuvent pas être opérées, ou qui récidivent après une intervention chirurgicale.
  • En attente de chirurgie : Le pessaire est une option pour celles qui attendent une chirurgie ou qui sont indécises quant à cette option.

Le pessaire cubique, qui peut être mis le matin et retiré le soir, ou utilisé de manière alternative, constitue une excellente alternative à la chirurgie du prolapsus lorsque celle-ci est impossible.

Références

  • Eberhard J., Geissbühler V. (1999) – Le pessaire comme traitement médical
  • Eberhard J., Pescatore P., Geissbühler V. – Traitement des pessaires en urogynécologie
  • Mirabel Xavier (2007) – Place des pessaires dans le traitement du prolapsus génital : le rôle du médecin généraliste